Jusqu'à 445 millions d'euros pour la participation citoyenne en mer


Un article de David Adriaen (De Tijd) traduit par Joseph François

Dans les années à venir, la coopérative énergétique SeaCoop souhaite acquérir une participation de 20 % dans tous les nouveaux parcs éoliens à construire en mer. Les initiateurs comptent pouvoir lever jusqu'à 445 millions d'euros auprès des coopératives belges.

 « Les familles en Belgique représentent environ 20 % de la consommation d'électricité. Les citoyens ont donc droit à 20 % de l'électricité de la mer du Nord », déclare Tom Willems, président de SeaCoop, une nouvelle coopérative pour la participation citoyenne dans l'éolien offshore.

  En résumé

— 33 coopératives énergétiques se sont unies au sein de SeaCoop pour jouer un rôle dans de nouveaux parcs éoliens en mer du Nord.

— Elles espèrent gagner 20% des parcs en participant à des consortiums et utiliser le pouvoir pour livrer aux familles.

— Cela nécessite jusqu'à 445 millions d'euros de nouveaux capitaux, un montant sans précédent pour les coopératives.

 SeaCoop veut jouer un rôle important dans la zone Princesse Elisabeth, la nouvelle et deuxième zone réservée par le gouvernement fédéral à l'énergie éolienne . La procédure d'attribution pour la première partie devrait commencer à la fin de l'année prochaine, le reste devant suivre deux ans plus tard. Si la ligne à haute tension Ventilus est achevée à temps, ces parcs fourniront de l'électricité avant 2029.

 Si SeaCoop réussit à acquérir une part de 20% dans tous les parcs éoliens de la zone Princesse Elisabeth, 445 millions d'euros de capital doivent être mobilisés auprès des citoyens. La première tranche porte sur 80 millions d'euros.

 SeaCoop est une initiative de 33 coopératives énergétiques locales belges, qui représentent ensemble près de 100.000 membres. Ce sont toutes des Rescoops, des coopératives qui, non seulement investissent dans l'énergie pour un retour financier, mais veulent également offrir des avantages à leurs membres en fournissant de l'énergie verte à partir de leurs propres projets ou en offrant d'autres services énergétiques, explique Willems.

SeaCoop ne développera pas elle-même de parcs éoliens, mais souhaite rejoindre des consortiums en concurrence pour des concessions éoliennes. Des discussions exploratoires sont déjà en cours avec des acteurs belges à ce sujet, mais SeaCoop souhaite également travailler avec des acteurs étrangers ou de grands énergéticiens. Il n'est pas encore clair s'il souhaite s'engager auprès d'une seule partie ou participer à plusieurs consortiums.

 Les acteurs du marché pourraient être intéressés à faire affaire avec SeaCoop. La participation des citoyens pourrait potentiellement rapporter des points supplémentaires dans la procédure d'appel d'offres que le ministre de l'Énergie Tinne Van der Straeten (Groen) est en train de développer.

L'année dernière, le gouvernement fédéral a déjà ouvert la porte aux investissements par les communautés énergétiques dans l'éolien offshore. De telles communautés énergétiques de citoyens, d'associations, de PME ou de municipalités pourraient donc également tirer de l'électricité de ces parcs éoliens.

 SeaCoop vise spécifiquement un modèle de contrat coopératif d'achat d'électricité (PPA) à long terme. Cela permettrait aux coopératives d'offrir à leurs membres des prix plus stables pour l'électricité verte. De telles constructions PPA sont devenues un mécanisme populaire ces dernières années, avec lequel de grandes entreprises comme Ineos, BASF ou Umicore verrouillent leur alimentation électrique pendant 10 à 15 ans.

 Grande ambition

 L'ambition de ces coopératives est remarquablement élevée. Les 445 millions d'euros représentent un multiple de ce que ces coopératives ont levé et investi jusqu'à présent. Les 41 Rescoops belges - dont seulement 33 participent à SeaCoop - disposaient ensemble de 112 millions d'euros de capital fin 2021. Et Colruyt a eu beaucoup de mal à lever des millions pour sa coopérative North Sea Wind, qui accordait des prêts aux parcs éoliens offshore.

 Néanmoins, toutes les coopératives participantes s'attendent à pouvoir lever au moins 5 millions d'euros auprès de leurs membres dans les années à venir. Ecopower, la plus ancienne et la plus importante avec 65 000 coopérateurs, vise même les 200 millions d'euros, précise Willems, également chef de projet chez Ecopower.

 Ecopower est populaire en période de prix élevés de l'énergie avec son approvisionnement en électricité verte à partir de ses propres ressources de production à des prix stables. Trop populaire même, au point de devoir refuser des clients car sa propre production ne peut suivre assez rapidement. L'éolien terrestre est un sujet difficile car de nombreux emplacements intéressants ont déjà été réservés et les dossiers peuvent traîner pendant des années en raison de problèmes d'autorisation. "S'il existe un modèle commercial, le capital est rapidement levé", explique Willems. Il évoque la coopérative Beauvent, qui fait régulièrement un appel au capital de 0,7 ou 4 millions d'euros. "C'est plein en un ou deux jours."

Mais que se passerait-il si toutes ces coopératives collectaient des fonds pour investir dans l'éolien offshore en même temps ? Le public cible peut se chevaucher. « Les citoyens choisiront la coopérative qui leur convient le mieux. Il existe de grandes différences dans les activités et les services locaux tels que les conseils ou les services de mobilité », explique Willems.

La croissance est moins cruciale pour les coopératives que pour les entreprises commerciales, mais les Rescoops souhaitent jouer un rôle dans l'éolien offshore pour accélérer la transition énergétique. « Plus d'énergie éolienne offshore contribue non seulement à réduire la consommation de gaz dans les centrales électriques, mais encourage également les citoyens à s'électrifier. Le passage au chauffage par pompe à chaleur ou à la mobilité électrique entraîne alors des économies supplémentaires de CO2 ».