Etat des lieux de la biométhanisation

Suite à une visite du site de Tenneville

La biométhanisation en Europe

A l’occasion d’une visite du site de biométhanisation de Tenneville, Cécile Heneffe, spécialiste « biométhanisation » à l’asbl Valbiom, a fait le tour de la biométhanisation dans l’Union européenne et la Suisse.

En 2013, il y avait 14.563 sites en Europe. La capacité installée est de 7.857 MWel. L’Allemagne arrive nettement en tête avec 9.035 sites, loin devant l’Italie (1.391 sites). Vient ensuite un trio: la Suisse (620), la France (610), la Tchéquie (554)… La Belgique arrive en douzième position avec 118 installations. En terme de production électrique par habitant, la Belgique se situe en septième position avec 70 kWh, le premier pays étant l’Allemagne avec 298 kWh par habitant. Ces chiffres montrent que la biométhanisation est loin de couvrir les besoins des habitants en électricité. Notons que les pays ont des politiques pouvant varier très fort. La France, par exemple, valorise une partie du biogaz à travers des flottes captives de véhicules.

En Wallonie

Sur les 118 installations en Belgique, la Wallonie en compte 39 : 17 « agricoles », 10 « déchets organiques », 7 « industries agroalimentaires », 4 « boues de station d’épuration », 1 « centre d’enfouissement technique ». Après des années de difficultés pour la biométhanisation agricole, le Ministre a adapté le montant du nombre de certificats verts et à présent, le secteur se porte nettement mieux, financièrement en Wallonie. Ce secteur devrait donc, contrairement à la Flandre, être en croissance importante au cours des prochaines années au vu de sa contribution non seulement à la lutte contre les gaz à effet de serre mais aussi à sa contribution à l’économie circulaire et au soutien à l’agriculture familiale.

Le site de Tenneville

Lors de cette rencontre à Tenneville, il y eut visite des lieux. Ce site de biométhanisation est un exemple parmi d'autres. Il concerne le traitement des déchets ménagers. L’unité a été inaugurée en 2009 dans le cadre du pôle environnemental de Tenneville, situé à Beausaint. Elle valorise les déchets organiques ménagers des provinces de Namur et de Luxembourg, et en partie, de Liège. La matière première alimente une installation de cogénération, produisant électricité et chaleur : 8.300 MWh électriques et 8.300 MWh thermiques.

La production électrique dépasse les besoins en électricité du pôle environnemental de Tenneville, l’excédent est injecté sur le réseau. La chaleur est destinée au séchage de boues d’épuration inutilisables en agriculture ainsi qu’au chauffage des locaux. Le digestat est mélangé à des déchets verts compostés et à de la chaux afin de produire du compost à usage agricole. Avant le départ, le compost est analysé car il ne peut contenir de métaux lourds, par exemple. Le coût de l’analyse revient à 1 euro/tonne. Le compost est vendu dans toute la Wallonie et est épandu sur les terres de culture.

La cogénération bénéficie des certificats verts, c’est absolument indispensable à l’équilibre financier du site de cogénération, souligne Hugues Hanosset, responsable du site.

En Flandre

Biogas-E (plateforme de la méthanisation en Flandre) signale que le biogaz a représenté 10,8 % de la production totale d'énergie renouvelable en Flandre (700 GWh) en 2014. L’objectif du gouvernement flamand est de 760 GWh en 2020.

Selon Biogas-E, le secteur est dans l’incertitude depuis plusieurs années. En cause, la disponibilité de la biomasse, la hausse des prix des matières premières, les coûts en hausse pour la commercialisation du digestat, les prix en baisse de l'électricité, un cadre juridique insuffisant. En 2014, deux grandes installations étaient en construction, huit hors service, dont trois en faillite : signe clair des difficultés du secteur qui reste à 39-40 installations depuis 2012. Les capacités autorisées ont augmenté de 61 % et l'énergie électrique de 65,6% par rapport à 2010, année de référence. 

Le nombre de petits digesteurs, dans le secteur agricole, d’une capacité moyenne de 10 kWel) augmente depuis quelques années.

Le secteur espère une prolongation de la période des certificats verts car il est presque impossible de survivre sans soutien. Le secteur demande également un meilleur cadre pour le biométhane, afin de stimuler son utilisation dans les transports.

En coopération avec l'Université de Gand, Biogas-E va se concentrer sur quatre grands thèmes au cours des prochaines années : 

  • utilisation de la biomasse inexploitée actuellement : la récupération de l’herbe le long des routes, les déchets organiques, les résidus de récolte, les cultures alternatives

  • production d’électricité en fonction des besoins journaliers et des variations de prix, emploi des installations de biogaz comme tampon pour les énergies éolienne et solaire.

  • diversification par la valorisation du biogaz en biométhane (carburant vert)

  • récupération et traitement des composés minéraux comme substituts des engrais