A la découverte des coopératives à la pointe des énergies renouvelables (1)

BürgerEnergie Rhein-Sieg

Les coopératives allemandes spécialisées en énergies renouvelables

Série de 3 articles

Au mois de mars, à l’invitation de la coopérative Cera, une vingtaine de personnes intéressées par le modèle coopératif ont pris le car vers l’Allemagne. Objectif: la visite de trois coopératives citoyennes spécialisées dans les énergies renouvelables. Les Allemands sont les leaders européens des énergies renouvelables. Il y a plus de 7.000 installations de biométhanisation, principalement agricoles; des sociétés anonymes (dans l’électricité, le pétrole); mais aussi toute autre société… ont investi dans l’énergie renouvelable. Des sociétés coopératives s’y sont intéressées, estimant qu’il n’est pas bon de laisser toute la gestion de l’énergie au (grand) capital. La première coopérative visitée, non loin de Cologne, investit dans le photovoltaïque.

BürgerEnergie Rhein-Sieg

Coopérative spécialisée en photovoltaïque

Odoo CMS- Exemple d'image flottante

La première coopérative visitée se situe à Siegburg, à quelque 30 km au Sud-est de Cologne, et à 150 km de Liège. Nous arrivons dans une maison de repos (appartenant au CPAS) qui vient d’installer des panneaux photovoltaïques sur ses nombreuses toitures, pas toujours dans les meilleures conditions d’ensoleillement. Mais c’est le président de la coopérative qui nous accueille. Il rappelle que l’idée coopérative date des années 1850, avec des pionniers comme Raiffeisen et Delitzch. L’idée des coopératives citoyennes en énergie s’est implantée en même temps que l’Allemagne s’intéressait aux énergies renouvelables. On comptait 888 coopératives citoyennes dans la production d’énergie en 2013. Depuis lors, les conditions se sont durcies. Le président suppose que le développement des coopératives énergétiques commençait à “énerver” les grandes sociétés qui, au départ, étaient favorables à la création de coopératives énergétiques citoyennes, car l’acceptation des énergies renouvelables est plus aisée quand on implique les habitants.

Parlant de sa coopérative, il signale qu’elle s’est spécialisée dans la production photovoltaïque. La coopérative a été créée en 2011, elle compte 120 membres, la part coopérateur est de 1.000 euros. La coopérative dispose d’un capital de 507.000 euros, soit ± 4.000 euros par coopérateur. La variation autour de cette moyenne est élevée. La première installation a produit dès l’été 2011. Répondant à une remarque, Il estime qu’une part coopérateur moins élevée se traduirait par un (trop) grand nombre de coopérateurs, c’est-à-dire par une inflation des travaux administratifs, ce qui n’est pas le boulot d’une coopérative. La majorité des coopérateurs a entre 50 et 70 ans (la maison est payée, les enfants sont partis…). On peut espérer un dividende de ± 3%. Les communes peuvent participer, mais sont comme les autres coopérateurs, c’est-à-dire 1 membre, 1 voix.

La coopérative repose sur un important bénévolat. Sa direction est souvent assurée par des professionnels (entrepreneurs, légistes (avocats, notaires…), architectes, financiers…).  Les coopératives sont chapeautées par une superstructure qui vend l’énergie verte dans la région.
Doit-on devenir coopérateur pour acheter l’énergie verte? Non, mais il y a un bonus pour les membres.

Comment se fait un investissement? La coopérative doit apporter au moins 20% du capital, le reste étant alors emprunté. L’investissement est, en moyenne, de 1.500 euros par kWc. Apparemment, on préfère les panneaux au sol plutôt que sur toit. Comme on n’a pas toujours le toit idéal, le fait de devenir coopérateur permet de profiter des toits des autres coopérateurs. Il y a, actuellement, 9 sites de production, ce qui permet d’alimenter 200 utilisateurs. L’installation sur la maison de repos va être bientôt intégrée au réseau, ce qui va augmenter nettement la production.

A présent, on accepte des nouveaux membres s’il y a un nouveau projet, ou si quelqu’un quitte la coopérative. Les statuts prévoient la possibilité d’un retrait après 5 ans, à moins de trouver un acheteur des parts. Mais le capital ne peut pas descendre à moins de 80%.

Actuellement, le plus gros problème, c’est de faire de l’autoconsommation chez le propriétaire du toit, parce que la différence de prix est énorme. La coopérative vend le kWh à 0,10€ et le prix d’achat pour le consommateur est de 0,25 kWh. (Ndlr: il n’existe pas de certificat vert en Allemagne). La coopérative continue à chercher des projets pour lutter contre les certificats d’énergie renouvelable (ex: hydroélectricité en Norvège), car on craint que ce soit des certificats de complaisance…

Des projets sont en cours pour changer les réseaux d’électricité. Les réseaux vont devenir “intelligents” pour que la consommation se fasse près de la production. Le propriétaire loue son installation sur la base de la production électrique, vu de façon conservatrice, prudente.
Autres projets? Le stockage de l’énergie, c’est à l’étude, batteries, pompe à chaleur gigantesque, cogénération, réseaux de chaleur…
Utiliser les réseaux sociaux? Ce n’est pas possible car on est des bénévoles.
L’énergie éolienne? Pas évident, car les citoyens n’aiment pas trop…
La biométhanisation? Non, il n’y a pas beaucoup d’agriculteurs dans la région.
S’intéresser à l’efficacité énergétique? Non, on n’a pas beaucoup de possibilités d’intervenir, il existe des agences de l’énergie qui sont là pour expliquer comment économiser l’énergie. Et puis, l’efficacité énergétique concerne davantage le chauffage (1 litre de mazout = ± 10 kWh) que l’utilisation classique de l’électricité.

Site web de la coopérative : www.be-rhein-sieg.de

Joseph François